mardi 8 février 2011

Louise Bourgeois

"...My emotions are inappropriate to my size, my emotions are my demons (...) It is not the emotions themselves, it is the intensity of the emotions that are much too much for me to handle..."

Louise Bourgeois: The Spider, The Mistress and The Tangerine ( Trailer )

dimanche 6 février 2011

-The Scarlatti Tilt-

"It's very hard to live in a studio apartment in San Jose with a man
who's learning to play the violin."

That's what she told the police when she handed them the empty revolver.

( Richard Brautigan, Revenge of the Lawn: Stories 1962-1970 )

-Attila József-

Un cœur pur renversé sous les rails de la vie....

Je ne veux qu'un lecteur pour mes poèmes :

Celui qui me connaît - celui qui m'aime -

Et, comme moi dans le vide voguant,

Voit l'avenir inscrit dans le présent.

Car lui seul a pu, toute patience,

Donner une forme humaine au silence ;

car en lui seul on peut voir comme en moi

S'attarder tigre et gazelle à la fois.



**********



Silence.

Il s’étale, effrayant : c’est la mer murmurante,

C’est un champ infini de toutes parts neigeux.

C’est la Mort déguisé attrapant mes cheveux,

Chagrine et qui fait peur. La Mort caracolante.

Je dépose à ses pieds mon âme pantelante.

Mon cœur bat-il encor ? Je l’écoute, anxieux.

Musique monotone… et pourtant - justes cieux ! -

J’aime l’entendre vivre au sein de ma tourmente.

Je marche, dirait-on, sur un frêle terrain.

Quand le sol se défait sous mon pied incertain,

Je prétends résister comme fou qui s’éveille.

Puis je baisse la tête au comble de l’émoi.

Car la vase, déjà, vient boucher mon oreille.

Interdit, je me rends. Qu’adviendra-t-il de moi ?



**********



Brume et Silence.

J’ai cessé d’attendre la vie.

J’existe donc comme je puis.

Si je ne puis, je n’en ai cure.

Si les jours sont nombreux, ils durent.

Le soleil déserte mes yeux,

Seule la lampe m’est un feu.

La flamme s’éteint, le sang coule.

On a des réserves en foule.

Mes agresseurs, je les épargne.

Je ne rends ni pitié ni hargne.

Que se réjouissent tous ces chiens :

Point ne sens la faim qui me tient.

J’avais vécu quelque incidence

Qui n’était ni mort ni patience.

De coups de pied on m’a rué,

Mais je tenais bon sans jurer.

Le brouillard, je l’ai vu derrière

Mille éblouissantes lumières.

Et j’ai entendu qu’au-delà

Du grand fracas de mon combat,

Qu’en haut, en bas, l’on mène danse,

Ne reste au pauvre que silence.

Brume et silence n’ont d’éclat,

Brume et silence, me voilà !

Aveugle, un fossé happera

Ce qui tâtonne dedans moi.

Châtiment terrible, inhumain ;

Attendons, attendons sa fin.

Nombreux les gens que cela vexe,

Jusqu’à ce qu’un tel crie, perplexe,

D’un fond de silence et de brume,

Sa voix montant jusqu’à la lune,

Jusqu’à la peste ! Et, par ce cri

De l’horreur, tout sera maudit :

Le chien et son maître à la fois,

En commençant, bien sûr, par moi.